C’est le déséquilibre chronique du microbiote intestinal.
Une dysbiose augmente la perméabilité de l’intestin grêle, favorisant ainsi le passage transmembranaire (de l’intestin vers le système lymphatique et sanguin) de molécules étrangères ou inhabituelles.
Ces molécules sont par la suite reconnues par notre système immunitaire, dont « l’emballement » est à l’origine de ce que l’on appelle les maladies auto-immunes.
Les grandes pathologies chroniques, inflammatoires et/ou infectieuses commencent par ce déséquilibre du microbiote. Les pathologies auto-immunes les plus connues comme les arthrites, polyarthrites, spondylarthrites, tendinites, thyroïdites, pancréatites, lupus, eczémas graves dits « atopiques », migraines, etc… sont de celles-ci.
Mais beaucoup de recherches permettent, aujourd’hui, de penser que des maladies comme la maladie d’Alzheimer ou de Parkinson, et probablement certaines pathologies psychiatriques et certains cancers, sont concernés.
L’alimentation et apports pour l’organisme

La digestion commence dans la bouche par la mastication des aliments, ils sont écrasés et broyés par les dents (action mécanique). Ils sont malaxés avec la salive, mâchés afin d’être ramollis puis avalés. La salive produit le premier suc digestif (action chimique). Les muscles de la langue propulsent les aliments vers l’œsophage. Celui-ci le fera descendre mécaniquement le bol alimentaire vers l’estomac. Les aliments sont alors transformés en bouillie grâce aux muscles (action mécanique) et aux sucs digestifs (substances chimiques produites par l’estomac). Un important travail de transformation se produit.
Cette bouillie passe ensuite dans l’intestin grêle. La bouillie devient plus liquide (action mécanique). Le foie sécrète la bile qui agit un peu comme un détergent : elle dilue les graisses en fines gouttelettes permettant ainsi aux enzymes d’agir. Le pancréas sécrète le suc pancréatique qui permet la digestion des protéines (lait, beurre, huile, viande) et des glucides (riz ou pain). C’est dans cette première partie de l’intestin grêle que les aliments sont mêlés à la bile, au suc pancréatique et au suc intestinal (action chimique). Ils sont réduits en fines particules.
Dans la deuxième partie de l’intestin grêle, la digestion se termine. Les aliments digérés traversent alors la paroi de l’intestin et passent dans le sang qui les apporte au foie où ils subissent une dernière transformation.
De l’intestin grêle au côlon

Long de plus de 5 mètres chez l’adulte et d’une surface d’environ 200 m², l’intestin grêle assure la digestion des aliments. Sa muqueuse est une barrière entre le milieu intérieur de l’organisme et les nutriments provenant de l’extérieur.
C’est à son niveau que s’achève cette digestion et que vont être sélectionnées les substances nutritives essentielles. A la fois très mince (4/100 de mm) et tapissée de cellules (entérocytes) dont la durée de vie est très limitée, la paroi de l’intestin grêle est extrêmement fragile.
La flore intestinale (microbiote) réagit étroitement avec la muqueuse du côlon où vont se former les processus de fermentation liés à la présence anormale de certains sucres ou de putréfactions en relation avec des apports déséquilibrés en protéines.
Les cellules de l’intestin grêle se renouvellent rapidement et puisent leur énergie dans le butyrate.
Le butyrate est l’un des acides gras produits par la fermentation de fibres alimentaires. Une flore intestinale altérée ainsi qu’une alimentation pauvre en fibres induit un déficit en butyrate ayant pour conséquence une altération de la muqueuse colique.
De la dysbiose à l’hyperperméabilité intestinale et ses conséquences

L’hyperperméabilité intestinale, parfois mieux connue par son appellation anglaise « leaky gut syndrom », fragilise notre système immunitaire et augmente le risque de pathologies auto-immunes graves.
Elle produit également certains symptômes que l’on regroupe souvent sous le terme de « côlon irritable » :
- Douleurs intestinales spasmodiques, crampes, météorisme (gonflement), gaz ;
- Troubles du transit de type constipation, diarrhées ou alternance des deux ;
- Reflux oesophago-gastriques, douleurs d’estomac ;
- Mauvaise haleine chronique (halitose)…
Les microbiotiques contribuent au rééquilibrage digestif et immunitaire. Mais d’autres voies sont nécessaires afin de réduire rapidement efficacement ces symptômes et prévenir l’apparition de maladies.
Car en fonction de prédispositions immunitaires et à la suite du passage d’antigènes bactériens à travers la barrière épithéliale intestinale, le système immunitaire peut s’emballer produisant en excès des molécules dites « pro-inflammatoires » … qui seront à l’origine de pathologies chroniques inflammatoires, comme, par exemple la polyarthrite rhumatoïde.
Les origines de la dysbiose et de l’hyperperméabilité intestinale
La dysbiose et l’hyperperméabilité sont toujours liées soit à une mauvaise alimentation soit à une alimentation mal digérée ou mal métabolisée. En particulier lors d’intolérances alimentaires. Combien de jeunes voir très jeunes enfants n’ai-je pas vu guérir d’eczémas dramatiques à la suite d’une modification de leur alimentation lactée par exemple !
Dans le livre de Julien Venesson (mentionné plus haut) sont citées de nombreuses études démontrant l’intérêt de régimes sans gluten et/ou sans caséine dans la guérison des maladies inflammatoires articulaires.
Mais d’autres facteurs interviennent :
- L’absence de mastication efficace permettant de « prédigérer les aliments ». Cela peut devenir un vrai problème chez les personnes âgées ou ayant de mauvaises dents ;
- Les suites de prises d’antibiotiques excessives ou trop fréquentes ;
- Les suites de maladies infectieuses intestinales comme les fameuses « gastro-entérites » épidémiques ;
- L’alcool et le tabac ;
- Une consommation trop fréquente d’anti-inflammatoires ou d’aspirine à forte dose ;
- Un stress chronique, souvent associé à un manque d’activité physique régulière ;
- Un syndrome dit « d’ischémie reperfusion » fréquent chez le sportif qui devrait conduire, avant une compétition, à prendre certains compléments alimentaires. J’ai cité à ce propos la cycliste multimédaillée Jeannie Longo que j’ai bien connue : elle me disait « Je ne pars jamais sur une course sans une supplémentation nutritionnelle préalable, particulièrement en microbiotiques » ;
- Les infections chroniques à levures et champignons comme les candidoses : elles sont d’ailleurs à la fois conséquence et cause de la dysbiose.
- La maladie cœliaque
Il faut ajouter, en plus des erreurs alimentaires ou des intolérances, les déficiences nutritionnelles chroniques, notamment en zinc, magnésium, glutamine (dans le cadre de régimes végétariens mal conduits), les déficiences vitaminiques : vitamine D, certaines vitamine B, la coenzyme Q10 réduite (ubiquinol)…
Changer vos comportements
Mastiquez correctement (pour ce faire il faudrait que vos aliments solides soient transformés en liquide dans votre bouche comme ça ils seront bien imprégnés de salive) et suffisamment, que vous respectez vos intolérances alimentaires si il y a, que vous soyez raisonnable avec l’alcool, que vous ne fumez pas… vous serez sur la bonne voie.
Si vous apprenez à gérer vos états de stress et que vous évitez de manger en étant moins attentif aux « bonnes nouvelles » de votre smartphone, de votre tablette, de votre télévision… Vous aurez encore moins de risque de dysbiose, croyez-moi.